gramophone

Alpha Blondy - Revolution

Révolution

Jolie, jolie salope,
le coup n’est pas gratuit.
Tu aimes les perles et les diamants
la mousse au chocolat et le grand toboggan.

Empruntant le grand toboggan, Alpha Blondy effectue avec cet album une double révolution. Il est vrai qu’une culbute se conçoit dans le rétablissement, pas dans la chute. Il se réconcilie avec le Président d’alors, Houphouët Boigny, en mettant en musique un de ses discours sur les prémices de l’indépendance de la Côte-d’Ivoire ; sans renoncer toutefois à ses préoccupations démocratiques dénonçant dans « Election Koutcha » les tendances corruptrices de la classe politique de son pays à l’occasion des échéances électorales.

Musicalement « Jah Houphouët Boigny nous parle », le morceau de l’apaisement, est tout à fait remarquable en ce sens que le tempo reggae retenu par Alpha Blondy pour illustrer les propos du père de la Nation est en parfaite adéquation avec le rythme naturel du discours prononcé devant une assemblée dont on présume par ses applaudissements qu’elle est tout entière acquise à la cause présidentielle.

Mais au fond dans quel but ce morceau a-t-il été enregistré ? Celui consensuel du rappel de la juste lutte qui a conduit à l’établissement d’un pays indépendant - illustration du principe selon lequel, si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens - ou le constat du travestissement de cette indépendance au travers de l’accaparement par un petit nombre, des richesses du pays. Là réside une certaine ambiguïté que plusieurs écoutes n’ont pas suffit à lever. Ou bien sont-ce les limites de ladite révolution telles qu’envisagées par Alpha Blondy ? La question demeure sans réponse, Alpha Blondy ayant refusé de fournir des explications à ce sujet, ce qui me permet de gloser.
penseur

« Revolution » contient par ailleurs un certain nombre d’autres très bons titres désormais considérés comme des classiques de son répertoire. « Sweet Fanta Diallo » sur l’amour fou (au sens propre et figuré) et « Rock and Roll Remedy » où le genre est perçu comme un remède essentiel à nos maux.

Cet album peut, en définitive, se lire comme une petite leçon d’histoire(s) où Alpha Blondy se fait tantôt acteur tantôt passeur.

Sam Cambio (pour le poème) et FBA

A voir : http://www.youtube.com/watch?v=MXbLWM8fJX